dimanche 13 janvier 2013

Women in Chains - Thomas DAY



  Titre : Women in Chains, petite pentalogie des violences faites aux femmes
Auteur : Thomas DAY
Édition : ActuSF 
Illustration : Diego TRIPODI
Genre : Fantastique
Format : Nouvelles
Parution : 2012
Pages : 210
Prix : 12 euros


C'est la première fois que je lis une œuvre de Thomas DAY. A la fin de ma lecture, je ne suis ni déçue ni franchement emballée. Malgré sa réputation de livre violent et terrible dont on ne ressort pas indemne ou indifférent, je dois dire que je ne partage pas ce sentiment. Il s'agit assurément d'un livre violent mais les ambiances malsaines ou glauques de façon insidieuse me touchent plus que la violence directe ou le gore.

Commençons par le commencement : la préface de Catherine DUFOUR. A vrai dire, je n'ai aucun avis, elle m'a laissé indifférente ce qui la rend à mon sens dispensable. Elle n'apporte pas d'informations particulières (on les retrouvera dans quelques notes à la fin du recueil) mais juste un bref résumé de ce qui va suivre. Je précise quand même que j'apprécie son titre qui a le mérite de donner le ton du recueil : Guide du queutard, guide du désespoir.

La Ville féminicide (une nouvelle présente aussi dans le recueil Utopiales 2010) ouvre les festivités à Ciudad Juarez au Mexique. Bien que l'histoire soit inspirée de faits réels sur les mortes de Juarez, l'intention de l'auteur m'a  manifestement échappé car je n'en ai pas vu l'intérêt. C'était le mal pour le mal avec de la violence rapide et gratuite. La violence trop rapidement exécutée me marque bien moins que la violence lente voire subtile, qui monte en puissance. Je sais qu'on ne peut pas faire un profil psychologique dans une nouvelle mais j'aurais aimé sentir une certaine tension pendant les passages de violence.

Direction le proxénétisme en Allemagne et au Cameroun avec Eros-center. On y suit le parcours de Félicité/Joy, une prostituée camerounaise d'un Eros-center de Francfort, qui n'arrive pas à se sortir de sa condition à cause de la magie noire émanant de son proxénète. Et son sauveur n'est autre que Orhan, un immigré turc puceau, qui tombe sous son charme ! Le récit dépeint assez bien les désillusions de ces filles. J'ai trouvé l'idée de mettre les chapitres dans le désordre plutôt intéressante, il convient donc de garder tous les éléments en mémoire. La fin m'a énormément déçue, l'affaire est résolue beaucoup trop rapidement et facilement à mon goût. Je n'ai pas trouvé les personnages particulièrement attachants et je ne peux même pas me réjouir pour Félicité.

Tu ne laisseras point vivre... est la nouvelle que j'ai préférée dans ce recueil. Cassandra, une jeune anglaise nymphomane, s'exile au Groenland pour fuir sa malédiction familiale (visions prophétiques) et ses démons. On découvre la nouvelle vie qu'elle essaye de se construire, vie faite de débrouilles et de solitude (ou presque). Mais ses démons finiront par la rattraper malheureusement. J'ai trouvé Cassandra attachante, on a envie qu'elle s'en sorte mais j'ai quand même apprécié la fin car elle montre la dureté de la vie et des Hommes.

Nous sommes les violeurs (parue dans le Bifrost n°62) nous embarque dans un futur Afghanistan lors d'une commission pour le devoir de mémoire post-amnistie de la guerre contre la culture du pavot. On apprend des détails sur un épisode de cette guerre à travers les témoignages d'une victime et d'un groupe de mercenaires qui utilisaient le viol comme arme de guerre. La mise en forme est originale, plaisante et efficace. Le délire philosophique de Toubib est surprenant et dérangeant mais très intéressant. En plus, les personnages ne sont pas manichéens. Très bonne nouvelle !

Poings de suture termine le recueil sur une note plus positive (revanche symbolique de Samira sur les violences domestiques qu'elle a subies) Cependant, cette nouvelle n'a d'intérêt que si elle fait partie du présent recueil et non lue de façon isolée.

Au final, trois bons textes, un qui me laisse perplexe et un qui m'indiffère. Même si je ne suis pas pleinement convaincue, je vous recommande de lire Women in Chains car ce recueil est très bien écrit, très varié et laisse à penser sans être moralisateur.

CITRIQ

1 commentaire:

  1. L'histoire de la nymphomane, je le trouvais trop éloigné de la réalité pour être aussi percutant que les autres. Hormis le dernier, que j'ai trouvé plus faible, je suis d'accord avec toi que son intérêt réside d'en le fait de conclure ce recueil.

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