dimanche 10 mars 2013

Singulier Pluriel - Lucas MORENO

  
Titre : Singulier Pluriel
Auteur : Lucas MORENO
Édition : Hélice Hélas
Illustration : Krum 
Genre : Science-Fiction/Fantastique
Format : Nouvelles
Parution : 2012 
Pages : 240
Prix : 16 euros
 

Encore un auteur dont je n'avais pas du tout entendu parler ! Certains d'entre vous le connaissent sûrement via la revue littéraire audio Utopod qui a cessé toutes activités depuis 2010. Personnellement, je l'ai découvert récemment grâce à Bifrost. Je vous épargne tout suspense inutile car j'ai tout simplement adoré, même si je n'ai pas adhéré à 100% à certaines nouvelles. Le recueil est séparé en deux parties, une partie dite fantastique et une partie dite science-fictive. L'auteur excellant dans les deux genres, quelle que soit votre préférence, vous passerez forcément un bon moment !

Partie I : Fantastique

Singulier Pluriel est donc la première nouvelle, dont l'ambiance donne clairement le ton de la première partie de ce recueil. Un jeune de moins de trente ans à l'existence particulièrement creuse rencontre un couple de nouveaux voisins. Ces derniers, véritables puits de connaissances à tel point qu'ils en deviennent effrayants, déclenchent en lui un immense appétit de savoirs et d'expériences nouvelles. 
La nouvelle est très courte, avec une  ambiance intensément glauque. On comprend le titre ainsi que la réflexion associée dans la chute, sombre, surprenante et sur laquelle par conséquent je ne dirai rien.

Le meilleur' ville dou monde est dans la continuité de l'ambiance de la nouvelle précédente. La cité en question, Angel-sur-Coffrane, a la particularité de contenir le même nombre d'habitants depuis les années 80. Certains disparaissent et d'autres s'installent, mais de sorte que le nombre d'habitants reste constant. Voilà un phénomène pour le moins étrange. Le narrateur de l'histoire, lassé de cet "Éden de clodos", rencontre un type bizarre ayant enfin trouvé sa "meilleur' ville dou monde" (ce dernier parle assez mal). L'occasion de procéder à un échange : l'un reste, l'autre part. Mais celui-ci ne peut pas se faire n'importe comment...
Encore une fois, il s'agit d'une nouvelle à chute. Le caractère glauque du récit s'accentue au fur et à mesure, jusqu'à la révélation finale éclairant le maintien de cet équilibre démographique.

Shacham est une nouvelle vampirique singulière. Vers la fin du 18ème siècle, les derniers vampires, traqués de toute part, sont victimes d'un mal inconnu les empêchant de contaminer autrui par la morsure. Leur communauté déclinante se scinde alors en trois courants d'opinions. Les uns défendent une bestialité sans limite jusqu'au dernier souffle, les autres tourmentés par ce qui leur reste de morale humaine se terrent et dépérissent en silence. Un troisième groupe tente une approche plus originale en voyageant de par le monde à la recherche d'une possible réponse à leurs questionnements spirituels et à leurs maux. L'un d'entre eux s'initie à des méthodes de décorporalisation issues du shamanisme et du bouddhisme tantrique. Un journaliste en voyage au Bhoutan découvre  par hasard un village pour le moins mystérieux, qui semble ne pas être visible de tous. Il assiste alors aux rituels en question, mais il n'en ressortira pas indemne...
Malgré une mise en place intéressante et un final inattendu, je suis restée quelque peu sur ma faim (ha!ha!), le cœur de la nouvelle ne m'ayant pas paru particulièrement palpitant (la description du rituel shamanique).

Dellamorte Dellamore est l'histoire d'un meurtre cyclique. Un veuf dont la femme est décédée dans un accident de voiture voit le cadavre de celle-ci revenir régulièrement chez lui. N'en pouvant plus, il la tue à chaque fois, mais rien n'y fait. En particulier, elle répète inlassablement une certaine phrase déclenchant chez lui tout un cheminement de pensée, qui amène le lecteur à s'imaginer la conclusion de l'histoire d'une certaine manière (je n'en dis pas plus). La fin semblait prévisible mais se révèle très surprenante encore une fois.

La nouvelle Comme au premier jour m'a laissée perplexe, tant la construction de cette intrigue policière est menée d'une étrange façon. N'ayant par conséquent pas réussi à m'immerger dedans, je ne saurai en dire plus et en ressors déçue. 

Partie II : Science-Fiction

L'Autre Moi est une nouvelle sur le voyage dans le temps assez spéciale. En 2064, le psychiatre Neuenberger persuade son patient Matthias d'essayer une thérapie d'un nouveau genre. Le but est de lui injecter des nanobots antimnésiques afin de détruire les événements traumatiques de son passé. Mais l'expérience ne se passe pas tout à fait comme prévu...
Alors encore une fois j'ai eu du mal à m'immerger. Cela est sûrement du à la mise en forme de la nouvelle mais aussi à la psyché de Matthias à laquelle je n'ai pas adhéré. Je ne suis d'ailleurs pas sûre d'avoir compris la fin.

Demain les Eidolies nous expose le Mouvement pour la Maïeutique de Surface créée par Desmond Torrent. Cela serait stupide que j'essaye de vous résumer ce concept, je vais donc m'abstenir. Je tiens aussi à garder intacte la perplexité qui se dégage de son intitulé pour mieux vous laisser surprendre.
Il s'agit donc d'une nouvelle très complexe mais qui n'en reste pas moins intéressante.

Dans Trouver les mots, le conteur Jeff Karason couche sur le papier sa dernière histoire : l'échec de la colonisation de la planète Xinsheng par la perte progressive du langage.
J'ai beaucoup aimé cette nouvelle qui nous interroge de manière poétique sur l'importance vitale du langage pour nous sortir de notre bestialité.

Adam s'éveille progressivement dans l'Éden, il y découvre Ève bien sûr mais les jours passent et au comble de l'ennui il finit par se demander qui il est, où il est et ce qu'il fait là. Il part en quête de réponses et se rend compte qu'il est en fait dans son PV. Je ne peux en dire plus sur ces énigmatiques initiales, vous découvrirez leur sens en lisant cette agréable nouvelle bien sûr !

La réflexion oscille entre aliénation du corps, quête identitaire, paradis artificiels ou illusoires, nécessité du langage... La plupart des nouvelles de ce recueil suscitent des questionnements profondément liés à la chute de chaque histoire, j'ai donc préféré ne pas les dévoiler et donc conclure d'une manière générale sur les thématiques abordées. Au final, malgré quelques bémols mineurs, un premier recueil prenant, cohérent, bien écrit et intéressant dont je vous recommande la lecture !

CITRIQ

3 commentaires:

  1. Il est sur ma PAL (en version numérique chez ActuSF), tu me donnes bien envie de m'y plonger !

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    1. Ça me fait plaisir que tu me dises ça, c'était justement le but recherché. :)
      J'ai hâte de connaître ton avis !

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